Publié dans Politique

Paul Bert Velontsara - « Aucun espoir de développement avec l’impunité »

Publié le jeudi, 27 octobre 2022

Scandales, Haute Cour de Justice, motion de censure. Paul Bert Velontsara, député de Port-Bergé, président du groupe parlementaire Isika rehetra miaraka amin'i Andry Rajoelina à l'Assemblée nationale donne son avis sur les sujets d’actualités. Interview.


La Vérité (LV): Les noms de députés, dont certains de votre groupe, ont été cités dans des scandales dernièrement. Quel regard portez-vous sur ces cas en tant que président du groupe parlementaire IRD à l'Assemblée nationale ?
Velontsara Paul Bert : Je souscris pleinement aux propos de la présidente de l'Assemblée nationale Christine Razanamahasoa, lors de son allocution d'ouverture de la seconde session ordinaire. Il serait inacceptable si des députés issus de la majorité présidentielle soient mêlés à des affaires d’abus ou d’immixtion dans les compétences de la Justice. De tels agissements pourraient avoir des conséquences à la fois pour les prochaines élections et sur les richesses du pays. J’estime que les députés issus de la majorité doivent être des modèles de justesse, en matière de protection des richesses naturelles et de respect des responsabilités qui sont les leurs. Des agissements contraires à cela ne sont pas dignes des députés de la majorité. Le Président de la République fait des efforts dans son comportement et dans ses actes. Ce ne devrait pas être aux députés qui le soutiennent de porter atteinte à l’image du régime. Si ces faits qui se sont déroulés en dehors de session sont avérés, cela relève de la Justice.  Dans ce cas, puisqu’il s’agit de députés, il est toutefois nécessaire de respecter la procédure  et de demander la levée de l’immunité parlementaire si des poursuites veulent être engagées.

LV : Parlant d’image, quel est votre point de vue par rapport au cas de certains députés IRD qui tiennent des discours voire une posture d'opposition depuis quelques temps?
Le groupe parlementaire IRD compte 108 députés. Aucun d’entre eux n'a encore démissionné et aucun n'a encore affirmé publiquement ne plus suivre la ligne politique du groupe. C’est peut-être l’impression que  l’opinion a. Mais personnellement, je peux dire aujourd’hui que les députés au sein de la majorité sont solidaires. A preuve, tous les projets de loi importants soumis par l'Exécutif ont été adoptés lors des précédentes sessions. La majorité IRD a assumé ses responsabilités en soutenant les projets de loi. Si jamais des députés venaient à quitter les rangs, on verra en temps et en heure voulus. Si la population nous a donné sa confiance lors des élections, c’est  notamment parce que nous soutenons l’actuel Président de la République. J’espère que les députés de la majorité ne l’oublieront pas. Ceci dit, j’espère et je suis disposé à convaincre les députés qui pourraient être tentés de dévier de la ligne politique au sein du groupement.

LV : Des dossiers de poursuites de plusieurs hautes personnalités devant la Haute Cour de Justice sont bloqués selon les observateurs au niveau de l'Assemblée nationale. Qu’est-ce qui bloque l’avancée de la procédure ?
La Haute Cour de Justice est une juridiction mise en place par la Constitution. Elle est compétente pour juger les chefs d’institution, les membres du Gouvernement par rapport à des fautes graves commises. La procédure à suivre ne ressemble pas aux procédures applicables au niveau  de la Justice en général. Une commission spéciale est mise en place au sein de l’Assemblée nationale composée de 17 membres. Les dossiers de personnalités mises en accusation dans des affaires brûlantes sont adressés à cette commission qui examine et convoque les concernés si besoin. Elle dresse un rapport présenté en séance plénière pour une décision des députés pour une poursuite ou non de la procédure. 12 dossiers ont été transférés à la commission, concernant plusieurs anciens hauts dirigeants. Les travaux de commission sont déjà achevés. La dernière étape consiste en une délibération en séance plénière tendant au vote pour la validation finale. C’est là où se situe le problème. Aucune date pour cette séance plénière n’a encore été fixée. Et pour cause, il y a une organisation à mettre en place afin d’inscrire cette séance à l’ordre du jour. Jusqu’ici cela n’a pas été fait. La situation est un peu délicate. Il faut le vote de la majorité des députés pour qu’une décision soit prise. Le blocage peut se situer à ce niveau car il s’agit de l’avenir de personnes. Nombre de députés ont des relations avec certaines hautes personnalités concernées dans les dossiers, ce qui peut expliquer leur réticence.

LV : Ce blocage ne favorise-t-il pas le sentiment d’impunité ?
En tant que président du groupe parlementaire IRD, ma position est simple. En tant que responsable à qui la population a confié une mission, celui de  veiller à la destinée du pays, je pense que nous devons avancer vers cette séance plénière et prendre une décision. Si cette culture de l’impunité est perpétuée à Madagascar, qui contribue à appauvrir le pays, nous ne nous en sortirons jamais. Je salue à  ce titre la volonté du Président de la République, qui souhaite mettre en place une bonne gouvernance à Madagascar et qui a osé mettre en place cette haute juridiction. La HCJ a été inscrite dans les précédentes Constitutions. Cependant, personne n’a osé la mettre en place. Si l’on me pose la question, je pense qu’il faut avancer. Il ne faut pas faire d’amalgame entre affaires personnelles  et affaires étatiques. Si les responsables, les élus et les nommés, ne prennent pas leurs responsabilités, Madagascar ne s’en sortira pas.

LV : Des bruits sur une éventuelle motion de censure courent actuellement dans les travées de l’Assemblée nationale. Quelle est la position de la majorité sur ce sujet ?
Le pays vient de sortir de plusieurs crises, la Covid-19, les cyclones et actuellement le kere. La  politique du pays est orientée vers la relance socio-économique et la préparation des élections. L’Etat entreprend des projets dans le domaine de l’agriculture, des infrastructures routières et des industries actuellement. Notons d’ailleurs qu’un forum se tient à partir de ce jour du côté d’Ivato. Des efforts sont également entrepris pour le social de la population notamment dans le domaine de la santé et de l’éducation. Une priorité est également faite de la fabrication de cartes d’identité nationale dans tout le pays en vue des prochaines élections. Pour répondre à votre question, oui la motion de censure est un moyen offert aux députés pour montrer sa désapprobation envers une politique du gouvernement. Cependant, j’estime que ce n'est pas le moment de tout détruire mais de faire une synthèse. Une motion de censure c’est à mon sens tout remettre en cause. Pourtant, j’estime que les efforts du Gouvernement sont visibles. Nous sommes donc contre une éventuelle motion de censure et nous pensons que cela ne doit pas passer.  Ces bruits ne sont pas nouveaux. Mais nous estimons qu’une telle initiative ne sera en rien bénéfique pour le pays. En tant que président du groupe parlementaire IRD, je m'y opposerai de toutes mes forces le cas échéant. Surtout à la veille des élections. Un changement de Gouvernement signifie un départ à zéro.

LV : Vous ne voyez donc aucune défaillance dans les actions du Gouvernement ?
De légères défaillances existent. Il n’est jamais facile de faire des choses. Nous voyons les nombreuses infrastructures mises en place par le régime actuel pour changer la face de Madagascar. De nombreux projets ont été bouclés, mais d’autres n’ont pas encore débuté tandis que d’autres attendent encore leur début. Nous estimons qu’il faut redresser ces failles. Mais je pense que la solidarité et la discussion sont largement suffisantes pour les résorber. La majorité présidentielle a la responsabilité de travailler pour mettre en place la stabilité politique, tant au niveau de l’Assemblée nationale qu’au niveau du Gouvernement, qui en a besoin pour accomplir sa mission. D’autant plus qu’il ne reste plus que quelques mois à ces membres du Gouvernement pour réaliser les objectifs qui leur ont été assignés. C’est pour cela que je travaillerai à donner à chacun des ministres la plénitude de ses moyens pour qu’il puisse atteindre les objectifs non encore atteints. On fera les comptes à la fin.

LV : Quid de la position des députés de la majorité par rapport à la demande de concertation nationale réclamée par l’Opposition notamment
Une concertation nationale peut avoir différentes formes. De nombreux forums se sont d’ailleurs tenus à Madagascar. A l’instar de celui qui doit avoir lieu ce jour à Ivato. C’est de ce genre de concertation dont le pays a besoin. Celui que demande l’Opposition vise à mon sens d’abord à un partage de sièges. La concertation voulue par l’Opposition se tient surtout dans le pays en crise pour dresser une ligne directrice de sortie de crise. Actuellement, je ne pense pas me tromper en affirmant que les dirigeants actuels gèrent la situation politique du mieux possible. Ce n’est pas anodin si des pays étrangers accourent pour nommer des ambassadeurs dans le pays car il y a la stabilité politique dans le pays. En tant que président du groupe parlementaire IRD,  je suis contre la manière de penser de l’Opposition. Il faut laisser le Président de la République et le Gouvernement travailler et rattraper les quelques retards dans la mise en œuvre de leurs projets. Pour cela, ils ont besoin de stabilité.
Recueillis par L.A.

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Editorial

  • Au beau fixe !
     Le Président de la République de Madagasikara Rajoelina Andry NIrina a reçu en audience au Palais d’Etat d’Iavoloha la ministre des Affaires étrangères du Japon Yoko Kamikawa. Une rencontre que certains observateurs qualifient d’historique sinon d’inédite.Le Japon faisait partie des pays ayant noué une relation diplomatique avec la jeune République malagasy. L’empire du Japon était ainsi présent dès les premières heures du retour de la Grande île à l’indépendance en 1960. Seulement voilà, en soixante ans de relation diplomatique, c’est la toute première fois qu’une haute personnalité japonaise du rang de chef de la diplomatie ait pu effectuer une visite officielle au pays. Une grande première que nous, Malagasy, nous ne voulions pas passer inaperçue traduisant ainsi une relation au beau fixe entre les deux Nations voire entre les deux peuples.Le pasteur Ravelojaona, 1879 – 1956, fasciné par le parcours fulgurant de l’économie japonaise à partir du début du siècle…

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